Youness Mernissi 28 ans, est le représentant belge du Slam. Le poète bruxellois a récemment décroché la quatrième place à la Coupe du monde. Il a étudié le journalisme à l’Université libre de Bruxelles. Et ses activités professionnelles, il les sélectionne idéalement en fonction de la possibilité de rédiger. Parce que sa passion, c’est l’écriture. Il aimerait s’y consacrer pleinement, ainsi qu’au slam, sa véritable exaltation. Cette poésie orale, apparue en 1986 à Chicago sous l’impulsion de Marc Smith, un ouvrier en bâtiment, est aujourd’hui présente aux quatre coins du globe. Son objectif ? Rendre la poésie au peuple.
En Belgique, c’est sous les traits de Youness Mernissi que la discipline s’exporte à travers le monde. Mais le Bruxellois n’a pas toujours été slameur : « J’écris depuis très longtemps. C’était destiné à pouvoir mettre ma peine sur le papier, à être mon journal intime. Mes textes s’empilaient et je ne savais pas comment les dire. Le rap, c’était trop réducteur, et je savais que mes textes pouvaient faire autre chose« , explique-t-il.
Un jour, le poète rencontre le slam et réalise que c’est exactement ce qu’il veut faire. Après avoir pris du recul par rapport au contenu de ses textes, Youness les confronte au public. C’est ainsi qu’en 2007, il a créé « Slam’fait plaisir », un spectacle où il entrecoupe ses textes d’interludes.
C’est à Bruxelles, en 2001, que les premières scènes slam apparaissent en Belgique. Ce sera d’ailleurs sur l’une d’elles, au Théâtre de la Vie, que le parcours artistique de Youness Mernissi prendra un fameux virage. Fondé en 1971, ce petit théâtre organise des soirées slam depuis 2008. « Slam à la Vie », la scène dédiée à ces soirées, réunit un large public chaque deuxième lundi du mois, d’octobre à juin. En octobre 2010, le Théâtre de la Vie organise les sélections bruxelloises de slam, dans le cadre du tournoi national. Youness est l’un des deux candidats sélectionnés pour ce tournoi, qu’il remporte un mois plus tard. Sa victoire lui permet de se qualifier pour le championnat d’Europe à Reims, où il termine dans le trio de tête. Cette nouvelle performance le propulse ensuite à Paris pour la Coupe du monde en juin dernier. Il y décroche la quatrième place.
L’artiste belge ne s’attendait pas à obtenir un tel succès, mais tente néanmoins de comprendre son résultat : « J’avais tellement envie d’arriver en finale qu’après la demi-finale, je n’avais plus de pression. Je n’étais plus capable de faire quoi que ce soit. Quand j’étais sur scène, je n’avais plus la même rage et la même peur, celle qui te porte dans ces moments-là. » Mais le représentant belge garde néanmoins des étoiles dans les yeux lorsqu’on lui rappelle ses exploits internationaux. « Les championnats de Belgique, d’Europe et du Monde m’ont permis de comprendre que des gens aiment potentiellement ce que je fais, et ça me donne envie de le montrer au plus grand nombre« , avoue-t-il. Plusieurs personnes, convaincues de son potentiel, ont en effet encouragé l’artiste belge à se consacrer exclusivement au slam. Mais comme il le souligne, on ne peut pas vivre de cette discipline. En tout cas, pas en Belgique. Le poète a dans l’idée de monter un spectacle où se mélangeraient par exemple le jeu, le texte ou le chant, afin de viser plus large. Youness espère qu’une opportunité s’offrira à lui pour qu’il puisse un jour, ici ou ailleurs, vivre de sa passion.
SOURCE/ Youness, l’étoile du Slam C.Ga. (st.) Libre 11/08/2011
Youness, 28 ans, a terminé à la troisième place du championnat d’Europe de slam après sa victoire, quelques mois plus tôt, au niveau national. Avec ses textes bien ficelles, son débit et son phrasé, le slameur bruxellois a réussi à imposer son style.
Le champion de Belgique de slam, Youness Mernissi, 28 ans, est monté sur la troisième marche du podium lors du premier concours européen de slam organisé à Reims, en France dans le courant du mois de décembre. Une consécration pour ce jeune bruxellois qui au fil des scènes se détruit un univers particulier.
Les textes et les paroles qu’il déclame aujourd’hui, Youness les a écrits à l’adolescence.
Cet âge où la sensibilité est à fleur de peau et où les émotions peuvent donner à ceux qui savent les écouter une force naïve parfois bien réelle. “ J’ai commencé à écrire mes textes à 16 ans pour évacuer des douleurs personnelles, des problèmes affectifs et la perte d’être très cher. Je me rendais compte que le fait de poser les mots sur du papier me soulager ”, se remémore Youness
Ces écrits tristes et mélancoliques, notre slameur les a rangés dans sur un tiroir et n’y a plus vraiment prêté attention jusqu’au son entrée à l’université. Des rencontres successives avec des camarades et des professeurs l’ont poussé à ressortir ses premières notes d’ado.
“ Deux amis de l’ULB ont accepté de m’écouter. Ils m’ont convaincu qu’il y avait du potentiel dans ces textes. Du coup, j’ai commencé à les retravailler. D’autre part, j’ai vraiment pris goût au jeu de l’écriture grâce au professeur Gergely (bien connu des étudiants en journalisme de l’ULB) ”, indique le champion de Belgique.
Comme pour beaucoup de jeunes artistes belges, la référence ultime demeure notre Jacques Brel national. “ Brel faisait du slam avant l’heure, il parlait plus qu’il ne chantait ”, assure Youness qui n’aime pas forcément le slam musical dont les figures de proue actuelles sont Abdel Malik et Grand Corps Malade. “ Ce sont des artistes que je respecte, mais ce n’est pas du slam. Cet art se pratique sans instruments ni accessoires, alors ils sortent quelque peu du registre. Ce qui n’empêche à certaines de leurs titres d’être très bien ”, explique le slameur bruxellois.
Mais Youness Mernissi cherche avant tout à toucher le plus grand nombre de gens avec des textes résolument personnels. “ Certains événements intimes paraissent parfois uniques alors que le plus souvent ce sont des expériences universelles. Pour qu’un texte fonctionne auprès du public, il faut allier le fond et la forme ”, analyse le jeune artiste qui maintenant attend avec impatience la Coupe du monde de slam en juin prochain.
Par David Baudoux la Capitale le 17 janvier 2011