RIVAL CAPONE – Youssef EL Ajmi

C’est fin des années 80 que Rival officialise d’une certaine manière son statut de MC/rappeur alors qu’il continue à taguer avec son crew, CNN (Criminels Non Négligeables). De leurs empreintes calligraphiées, les membres de CNN œuvrent dans l’ombre et s’imposent très vite comme l’un des crew les plus influents du mouvement Hip-hop belge.

Rival s’éloigne alors peu à peu du tagg et du graff préférant s’exprimer par la biais de l’écriture et de son relais direct, le rap. Alors que CNN continue à se développer en Belgique et à l’étranger aux travers de ses nombreuses fresques, Rival lui, canalise une palette d’émotion qu’il transmet au micro avec son premier groupe, les Vils Scélérats.

En 1996, celui-ci remporte la première Battle MC organisée en Belgique par la Zulu Nation et s’impose alors comme une des figures de proue du Freestyle en Belgique.

Deux ans plus tard, Rival sort son premier album qui reste pour beaucoup un classique du rap belge, De la rue à la scène signé en licence chez Sony Music. L’artiste invite sur son album de nombreux rappeurs du collectif Souterrain (Defi-J, Pitcho d’Onde de Choc, Djam Le Rif, Ramon, Lady N, Too Tuff, L’Ekole Urbaine) mais également d’autres artistes belges et étrangers (Krewcial, Akhenaton et Imhotep (IAM), Faf Larage, Sako (Chiens de Paille), DJ Mouss (Double H), Toni L, Esa, Tormento et Marya).

L’écriture que Rival utilise sur cet album illustre toute la dissonance des sentiments qui l’habite et le tourmente. Usant des rimes et de nombreuses allitérations suggestives, il traduit par moment des colères maîtrisées sur des sujets ayant attraits à la Belgique et sa place au sein de celle-ci (crise sociale et identitaire). A d’autres moments, Rival se fait plus léger faisant la part belle à l’égo trip et à l’écriture spontanée. Enfin, celui-ci se fait beaucoup plus intimiste avec des textes sincères sur sa condition de rappeur dans la Hip-hop et surtout d’homme au sein de ce qu’est la vie, loin des clichés attribués à un rap enfantin.

Par la suite, il apparaît encore sur divers projets (collaborations sur d’autres albums ainsi qu’acteur dans deux pièces de théâtre entre autres) jusqu’en 2003 avec la sortie de l’album éponyme de son groupe CNN (Djam, le Saint, Ramone, Ali Pacha). Moins véhément que le solo de Rival, cet album témoigne cependant d’une plus grande maturité et confirme la place centrale de CNN dans l’underground.
Le single Comme on est venu est alors diffusé à de nombreuses reprises sur MCM et Plug TV mais également à l’étranger jusqu’à faire du bruit au Maroc (n°1 au hit marocain) en qualité de témoignage d’un citoyen belge issu de l’immigration marocaine et de la problématique de la double identité que celle-ci pose.

Rival profite également de ses connexions avec d’autres artistes européens pour faire une tournée qui l’amènera en Allemagne, en Suisse ainsi qu’en Autriche avec plus d’une centaine de dates… une série de concerts donc avec des artistes de renoms dans la Hip-hop de ces différents pays: Torch et Toni L, Massive Töne, D-flame, Dj Style Warz et Dj Def Cut. Il fera de même en Italie avec d’autres artistes de talent: La Pina, Esa, Sottotono. Par le biais de ces concerts, Rival collabore aussi sur des titres avec la plupart des artistes cités, que ce soit en Allemagne et en Italie.